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c(ai)² - bicursus ECL-ENSAL
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28 février 2009

cadre conventionnel de l'architecture

Pour arriver à l'architecture telle qu'on la conçoit de manière courante, 'on est obligé de se placer sous un nombre notable d'hypothèses aux impacts plus ou moins importants.

  • "l'espace standard 3D"

l'architecture s'exprime dans l'espace réel, modélisé par un espace à 3 dimensions réel normé. La complexité de la 3D n'est absolument pas négligeable. Le fait que l'espace habituel soit à 3 dimensions seulement, n'a, à mon avis, rien d'évident ! (voir la relativité ou la théorie des cordes).

  • condition humaine / implication sur l'échelle

L'architecture est conçu par les hommes et pour les hommes (voir fiche synthèse "la condition humaine"). En conséquence, l'échelle architectural s'étale du cm au km approximativement, de 10 e-2 à 10 e3. En dessous du cm, (du mm au micromètre) on se situe dans le design (des meubles et objets du quotidien), échelle du design qui s'étend jusqu'à 10 e1 mètres. Au-dessus de la 10 e2 mètres et jusqu'à plusieurs kilomètres on passe à l'urbanisme. En terme de surface, l'architecture passe de 1m² à l'hectare. Par exemple, la maison de thé de charlotte Perriand à l'Unesco faisait quelques mètres carré, le projet de tour bionique de Shanghai atteint 1228 mètres.  Cette échelle détermine les "lois physiques" qui s'appliquent : la mécanique "standard" notamment, voir la fiche "les échelles, du détail à la masse, du mètre au kilomètre".

  • Topologie et  "continuité" de l'espace

Tout d'abord, j'avoue ne pas avoir vu quel était les vrais concepts mathématique qui sous-tendait ce que j'appelle la "continuité" de l'espace ; un grand mot pour dire tout ce qui est impossible : des portes qui pourraient s'ouvrir sur différents lieux du monde (cf Miyazaki, le Château ambulant, ou Stargate -shame on me de citer ici ce film...-), des espaces que l'on pourrait changer à souhait (le château ambulant aussi), dilatable ou rétractable (Alice in Wonderlands, ou même peut-être Little Nemo in Slumberland), des plafonds qui s'ouvrent sur des sols, des lieux qui répète infiniment le même espace (références pas terribles suite : le film américain Cube ou Chapeau Melon et Bottes de cuirs, le film) etc. 

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Le labyrinthe du Faune, Guillerme del Toro, 2006

voir aussi pour ce film la fiche "la condition humaine". Le Faune a donné à l'héroïne une craie magique qui permet d'ouvrir les murs (tout une métaphore dans ce contexte de guerre d'espagne sanglante!) vers les mondes magiques, ou d'utiliser cette même craie a d'autres fins (voir le film...). mais attention ici cette craie a un effet limité comme va pouvoir le constater la petite fille.

  • gravité standard /  jeux de gravité / apesanteur

Compte tenu de l'échelle architecturale, on peut appliquer l'approximation de champ de gravité uniforme g (environ 9,81m.s-2). Une surface horizontale est une surface iso-potentielle (ou admettant pour vecteur normale g->), une verticale est une droite définie par un vecteur directeur g->. L'être humain est conditionné à cette situation et est capable de détecter sensiblement la moindre inclinaison : rôle de l'oreille interne, structure des os etc. Et pourquoi pas imaginer des jeux de gravité différente ?

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"relativity", 1953, gravure de Escher  (1898-1972)


Echochrome - Trailer - PS3
envoyé par Playscope


echochrome : jeu vidéo sur PS3 jouant de la perspective

ISS

dans la station spatiale internationale : en "impesanteur" (chute libre) : et si l'on supprime la gravité, que devient l'architecture ? le sol et le plafond, espaces contraints en gravité standard, sont libérés. Chaque paroi possède, si mes souvenirs sont bons, des fonctions spécifiques. Organiser la vie en impesanteur devient cependant fort complexe, et l'organisme semble profondément inadapté (au niveau des os + atrophie des muscles).

  • l'impossible suspension

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magritte, le château des pyrénnées : si l'on reste en gravité standard, pourquoi ne pas introduire le rêve de la suspension ? la possibilité de se libérer des contraintes du poids, d'imaginer des architectures volantes, légères. Ne comptons pas dépasser le stade de la réalité virtuelle cependant, l'on peut se contenter des défis techniques suivants :

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palais des sports, Rome, 1957, pier Luigi Nervi
: un toit volant

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tour CCTV (en cours d'achèvement) cabinet Rem Koolhaas, Pékin

  • les effets de l'inclinaison, ou comment l'horizontalité a fini par gagner

L'horizontalité du plan est une convention habituelle, et cela se comprend aisément : les meubles peuvent tenir sans problèmes, l'être humain est fortement déstabilise par toutes inclinaisons, le déplacement est possible, facilité de construction (couler un plan incliné en béton...) etc. Oui mais... et si l'on pensait la "fonction oblique", selon les termes de Claude Parent et Paul Virilio qui ont mis au point ce concept étonnant dans les années 70.

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les 3 types de circulation oblique Claude Parent et Paul Virilio mettait en avant la richesse potentiel d'un déplacement le long de plan incliné

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la ville oblique, 1965

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maison expérimentale de vie oblique à Neuilly (année 70...!)

Dans la réalisation concrète de l'oblicité, l'incroyable "jardin de l'exil" de Libeskind (musée juif de Berlin, 1998) : un carré parsemé d'un labyrinthe régulier de bloc de béton, légèrement incliné sur l'un des angles. Le lieu n'est accessible que depuis le souterrain du musée et constitue une impasse. L'effet de l'inclinaison, dispositif a priori simple, est extrêmement puissant.


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ci-dessous, intérieur du jardin

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  • les conditions climatiques  

On se place le plus souvent au "niveau du sol" (pression atmosphérique), dans des conditions climatiques non extrêmes. Le climat d'une région détermine évidemment de manière forte la conception des bâtiments. Enfin, on construit sur un sol stable via un système de fondation. Il existe cependant des exemples où l'on construit des bâtiments dans des contextes climatiques spécifiques / où le bâtiment ne repose pas sur un sol dur (Venise, stations pétrolières, habitat-péniche, architecture navale etc.), voire où il est enterré complètement.

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la station franco-italienne Concordia est située au cœur de l'antarctique, au sein de conditions climatiques fortement inhospitalière, dans lesquelles l'architecture a du s'adapter. Les deux tours de concordia séparent espace bruyant (restaurant, salle vidéo, cuisine, locaux techniques) et espace "calme" (laboratoires et chambres). Un troisième bâtiment abrite la centrale électrique et la chaufferie. La station est conçue pour 16 personnes. Ses bâtiments s'auto-élèvent pour contrer les changements de niveaux de la banquise. Pendant l'hivernage (9 mois), la station est inaccessible.

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Dubai Hydropolis est un projet qui devait voir le jour, mais je crois que la crise a eu raison des utopies de Dubai : cet hôtel hyperluxueux se serait développé sous l'eau, avec toutes les conséquences que cela implique : structure en milieu agressif (eau salée!), problème d'évacuation en cas d'inondation, ventilation du complexe, coûts d'entretiens... Un projet concurrent (Poseidon) aurait aussi du voir le jour dans les îles Fidji.

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plateforme pétrolière dans le golfe du mexique : si en eaux peu profondes (<300m) elles sont fixes (construites sur des "poteaux" en béton), elles peuvent aussi être flottantes, mobiles etc. La conception d'une plateforme doit être particulièrement difficile, les conditions agressives y étant encore présentes (salinité, risque de tempête etc.).

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Golden City ce n'est bien évidemment pas un projet réel (mais une bd de Daniel Pecqueur, Nicolas Malfin) : une ville "icerberg", qui peut voyager sur l'océan, voir s'immerger complétement. Nous ne sommes pas très loin des projets bien réel (un brin utopique quand même) d'un navire en forme d'île qui a été présenté il y a un an ou deux.

  • le dogme de la réalité : rôle des "contraintes du réel / contraintes techniques" / intérêt des prouesses techniques ?

L'architecture n'a de sens que réalisée, réalisée dans toute la richesse de l'espace standard 3D. Cette réalisation est conditionnée par le respect des contraintes du réel, lesquelles s'expriment notamment dans les contraintes techniques. Pour un "architecte-ingénieur", le positionnement face à ces contraintes techniques est une question fondamentales : doivent-elles êtres vues comme des obstacles, ou au contraire, faut-il absolument s'y adapter, tendre vers elles. Et que faire du risque de la "prouesse technique gratuite" ? quel sens donner à la technicité dans un monde profondément technologique ?

  • le dogme de "l'équilibre" : esthétique et art

c'est un des "dogmes"  les moins remis en question de l'architecture, et pourtant, un des moins vérifié en pratique : toute réalisation architectural doit satisfaire un "équilibre", équilibre des masses, intégration des contraintes etc. Cette forme d'équilibre n'a rien d'évident ! certes, l'on peut avancer des arguments, mais certains se ramènent à pur arbitraire : il y a ce que l'on peut faire / ce que l'on ne peut pas faire, un ensemble de règles sur lesquelles tout le monde finit par se mettre d'accord. Mais sur quoi reposent-elles ? quelle est l'influence du contexte culturel ? comment définir une "vérité architecturale " ? Et pourtant, en pratique, qu'est-ce que l'on peut voir de réalisations qui semblent bien loin de cet équilibre !

  • le contexte culturel

Peut-on imaginer une maison sans portes qui ferment à clé, un bâtiment sans aucune fenêtres, des logements sans cuisines ni salles de bain, vivre toute l'année sous terre, dormir dans des dortoirs collectifs, ne pas avoir de maisons "à soi", des plafonds à 1m90, sortir dehors pour rejoindre sa chambre depuis son salon ? Evidemment en forçant le trait... néanmoins, il suffit de parcourir les pays pour voir les nombreuses différences qui existent !  Ce qui choque ici est normal autre part. Par exemple, Tadao Ando n'a pas hésité à imaginer au Japon une maison où une petite cour intérieure à l'air libre sépare salon et chambre si mes souvenirs sont bons. Toujours dans ce même pays, on n'hésite pas à construire des immeubles petits au sol, mais rapidement de 6-8 étages, ou des hôtels dans des stations de métro. De nombreux pré-acquis culturels sont en place, et il peut, parfois, être intéressant de les questionner.

  • le royaume des normes

Si l'on récapitule : on construit sur le sol, dans un champ de gravitation standard, dans un contexte climatique favorable, on respecte l'horizontale, les contraintes techniques, on fait un projet équilibré etc etc. et en plus, il faut respecter des normes ! En effet, pour être efficace, la construction est codifiée. Et tout le monde ne peut proposer son système de standardisation comme le Corbusier et son modulor ! la hauteur des murs est multiple de la hauteur normalisée d'un parpaing... On peut aussi évoquer les normes d'accessibilité pour les ERP (établissement recevant du public), les normes environnementales (HQE), les normes d'urbanisme pour les IGH (immeuble de grande hauteur), parfois assez ubuesque, tout en retrait diverses et variés de hauteur, les normes de patrimoine (par exemple, la vue depuis Versailles sur le grand parterre ne doit pas être occupé au lointain par un bâtiment pour respecter Le Nôtre), les normes de.... etc !

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