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31 juillet 2010

Le Rebelle, King Vidor (suite)

 

Le club a organisé cette année une petite semaine cinéma 'films archi' à Centrale Lyon (5ème élément, le Rebelle de King Vidor, la Notte d'Antonioni). J'avais déjà diffusé le ppt réalisé par Maud pour présenter le Rebelle. Voici maintenant le texte qui allait avec et qu'elle a pris le temps de rédiger pour le blog (merci!) : les cinéphiles pourront donc disposer de toutes les informations nécessaires. Vivement la prochaine semaine cinéarchi !

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Diapo 1

Présentation du film

Le Rebelle de King Vidor

Et de ses liens avec l’architecture

Par le C(AI)², club architecture de Centrale Lyon.

Dans le cadre de la semaine ciné du club archi, le C(AI)² vous propose ce soir le Rebelle de King Vidor pour ses nombreux liens avec l’architecture : le personnage principal, Howard Roark, incarné par Gary Cooper, est un architecte américain talentueux de l’entre-deux-guerres, confronté au goût de la masse qui refuse l’audace de son architecture novatrice. Ce film est donc l’occasion de rappeler le contexte architecturale des années 20 aux Etats-Unis et de se poser la question de la place de l’architecte dans la société et de sa position face à l’art.

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Diapos 2 et 3

Ce film est une adaptation du roman de Ayn Rand, The Fountainhed (La Source Vive), écrit en 1938 et qui connu un énorme succès à sa sortie. Elle y développe les thèmes contenus dans sa doctrine objectiviste, à savoir l’intégrité, l’égoïsme rationnel, la vertu d’indépendance et la créativité. King Vidor, chantre inconditionnel de l’individualisme (« Seule la puissance de l’expression individuelle peut continuer à justifier le cinéma » disait-il), trouve dans le roman d’Ayn Rand un sujet à même de magnifier ses thèmes. Le Rebelle, tourné en 1948, devient son plus grand chef-d’œuvre en même temps que son film le plus personnel.

Le personnage principal du roman est lui-même inspiré par Frank Lloyd Wright, même si Ayn Rand rejette cette filiation. Pourtant, elle fut très proche de l’architecte dans sa vie privée et l’informa qu’elle voulait écrire un livre inspiré par son œuvre et sa vie. Howard Roark présente des similitudes certaines avec Wright d’un point de vue architectural : ses premières réalisations dans le film et la maison qu’il dessine pour son ami ressemblent fortement aux Prairies Houses de Wright (cf. le projet de maison pour Ayn Rand (finalement non réalisé pour raisons personnelles ; Ayn Rand se fera dessiner sa maison par Richard Neutra) et la célébrissime Falling Water House). FL Wright prône une architecture horizontale qui s’intègre dans le paysage et se rapproche du monde végétal et minéral. Ainsi, ses maisons sont à l’échelle de l’Homme et lui offre une proximité avec la Nature qu’il voudrait pour tous. Il entretient au contraire un dégoût pour les grandes villes comme New York dont il dit polémiquement qu’elle mérite d’être rasée.

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Diapos 4 et 5

Cependant, le reste des réalisations de Roark, en particulier ses grattes ciels, se rapprochent d’avantage de celles de Ludwig Mies Van der Rohe. Comme Frank Lloyd Wright, Mies est un architecte majeur de l’architecture moderne, probablement le plus important avec Le Corbusier. Membre du Bauhaus qu’il dirigea une partie de sa vie, il pose les bases de la construction des grands bâtiments en verre et en acier et crée de cette façon le style international. Comme Wright, et comme Roark et son mentor Cameron dans Le Rebelle, il pense que la forme d’un bâtiment découle avant tout de sa structure. Cependant, là où Wright prônait une individualisation des habitations au service d’un bien être général, King Vidor et Ayn Rand, en s’inspirant de Mies, défendent l’individualisme tout en s’inscrivant dans une approche urbaine et tout en verticalité de l’architecture.

Le Seagram Building, construit en 1957 à New York, est à la fois un exemple de cette architecture verticale mais aussi du dépouillement recherché par Mies. Célèbre pour ses « Less is More » et « Gott steckt im Detail (God is in the details) », il essayait de créer des espaces neutres, contemplatifs grâce à une architecture basée sur l'honnêteté des matériaux et l'intégrité structurale. De cette façon, Roark et Cameron sont les représentants d’une école d’architecture qui défendait dans les années 30 la création des gratte-ciels comme moyen concret de répondre aux besoins d’une population urbaine en croissance exponentielle, une architecture d’ingénieur concrète et pratique et qui s’opposait à l’école new-yorkaise des beaux arts, qui elle, promouvait l’embellissement et les enluminures décoratives. L’aspect pratique contre l’ostentatoire en somme, d’où la volonté de dépouillement des créations de Roark qui revient tout au long du film.

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Diapo 6

Les grattes ciels sont au centre du film, pas seulement pour défendre des idées purement architecturales mais aussi comme symbole de l’élévation de l’homme, symbole de puissance et d’absolu, symbole de l’individu qui surplombe la masse, image d’une création purement humaine qui défie la nature, et enfin un parmi les symboles sexuels dont Vidor parsème son œuvre. Roark et Françon, son pendant féminin dans le film, sont eux aussi des géants dans ce monde, des personnages bigger than life constamment magnifiés par la caméra de Vidor : filmés en contre-plongée ou au côté d’une maquette, ils semblent physiquement plus grands que les autres personnages. Leur individualité est marquée. Ils sont indépendants dans le collectivisme qui est à cette époque ambiant aux Etats-Unis. Alors que la République a été créée sur des valeurs individualistes qui offrent à chacun de réaliser l’American Dream, l’entre-deux-guerres voit la montée de la culture de masse qui efface les initiatives individuelles.

Plus qu’un conflit entre individualisme et collectivisme, le film présente une réflexion sur la place de l’artiste dans sa société. Dans son plaidoyer (de six minutes, il est le discours le plus long de l’histoire du cinéma), Roark défend la valeur de l’art devant celle du progrès sociétal, la création individuelle de l’artiste devant les solutions collectives comme étant le réel vecteur de progrès. Tout le long du film, il reste campé sur ses positions. La première scène l’annonce déjà : on le voit de dos, toujours à la même place alors que ses interlocuteurs se succèdent et s’agitent.

Ce qui est vrai pour l’artiste est vrai pour l’architecte. Pourtant, il nous est enseigné que l’architecte est au service de la société. Roark, trop héroïque pour être vraiment réel, semble avoir trouvé la solution… 

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Référence principale :
http://www.dvdclassik.com/Critiques/rebelle-fountainhead-vidor-cooper.htm : à lire !

Maud Duphil

le texte de l'article en pdf :

Le_Rebelle___King_Vidor

les diapositives en pdf :

the_fountainhead_1

the_fountainhead_2

the_fountainhead_3

the_fountainhead_4

the_fountainhead_5

the_fountainhead_6

the_fountainhead_7

 

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