La fenêtre sur la mer

Petite pause lyrique en ces vacances de pâques, voici un texte que maud a trouvé sur le site de la revue "études"

=> Photographie de Ferdinando Scianna
=> texte de Sant'Elia ou Fleur Nabert (journaliste) ?

"Nous avons tous nos « ailleurs ». Ils viennent de l’enfance ou d’une élection plus mûre. Ce sont ces paysages qui ne nous quittent pas lorsque nous en sommes loin, ces refuges qui nous consolent de l’hiver, des duretés, des laideurs. Ces lieux qui, lorsque nous les retrouvons enfin, nous parlent comme des amis de longue date que le silence n’a pas éloignés. Ces terres dans lesquelles nos jambes s’enfoncent et font racines, nous donnant l’impres­sion d’être enfin revenus à la source après l’errance. Et de ces visions – lacs lové au flanc des montagnes, phare breton enrubanné d’écume, pic blanc de neige haut sur le ciel –, nous avons presque tous un souvenir commun. La fenêtre.

Celle du premier jour, celle du retour. Ces volets que l’on ouvre aux heures de chance ou de vacance et qui nous révèlent les contours de paix que nous aimons. Cette forme du bonheur découpée dans l’écoulement de la vie. Cette fenêtre-là regarde au sud. Vers le pays du soleil vertical, des terrasses médusées de soleil, de la mer étincelante dans sa robe de mica. Dans cet éden-là, la vie s’arrête pour rêver à l’abri des assauts du grand midi, derrière les persiennes, tels des boucliers qui zèbrent l’azur. Dehors, c’est un paradis de feu et de couleurs, de vents qui lavent le ciel, de pierres et d’herbes dont l’infinie sécheresse embaume comme l’esprit distillé du soleil. Cette fenêtre de sieste et de brise chaude, c’est l’enchantement que connaissent ceux dont le sang bat au sud."

article complet sur : études - revue de culture contemporaine