visite du chantier de la station d'épuration de Saint-Fons

Mardi 16 mars, une troupe de centraliens aux casques immaculés débarquaient sur le chantier de la station d'épuration de Saint-Fons pour une visite organisée par l'entreprise Léon Grosse. Après une présentation de la boîte par la responsable des relations écoles / recrutement, la visite a été menée par un chef de chantier et deux conducteurs de travaux. Le club c(ai)² a répondu à l'appel et je vous propose ce compte rendu.

Le projet est situé à Saint-Fons, à 5' de Perrache en bordure de l'A7 en pleine "vallée de la chimie" (que je renommerais bien "désert industriel sordide"). Il s'agit en fait de réaliser l'extension de station d'épuration existante. Celle-ci comprend déjà les traitements primaires (séparations des phases solide et liquide), et les secondaires ("assainissement" de l'eau, ie diminution de la concentration des espèces nuisibles en solution : sucre, graisse, nitrates, phosphates etc.). Les bâtiments en construction se consacreront aux traitements tertiaires : réduction du nombre d'agents pathogènes, traitements des odeurs de l'air nauséabond via un passage dans trois cuves de lavage, l'une contenant de l'acide sulfurique, l'une de la soude et la troisième de la javel. Ces traitements permettront de mettre en conformité la station avec les normes européennes.S'ajoute au programme le "bâtiment E" destiné à stocker les eaux de pluies décennales, ainsi que des installations de relèvement d'eau pour propulser l'eau des bassins secondaires aux bassins tertiaires.

Concernant les acteurs du projet : le Grand Lyon s'est tourné vers le cabinet merlin pour dresser un cahier des charges, qui a été traité par l'agence lyonnaises d'architectes DHA. OTV, filiale de véolia, s'est occupé du process (ie la conception du traitement des eaux), tandis que Léon Grosse s'est chargé du chantier. Pour les chiffres : 5 à 6 mois d'étude ont mobilisé une quinzaine de personnes pour faire les plans de ce gros parallélépipède de 250m de long. Le chantier à commencer en septembre 2008, deux-trois mois ont été nécessaire au terrassement de 400 000 mètre cube de terre, le gros œuvre a été terminé fin 2009. 300 personnes ont au maximum été réuni sur le site, avec un directeur de travaux, un conducteur de travaux principal, 3 conducteurs de travaux et 3 chefs de chantier. Soit au final une vingtaine de mois pour achever le projet. Soit encore 150 000h de travaux ou 22 500m3 de béton. Pour un coût de 30 M€ de gros œuvre et une somme équivalente en process.

Quelques points "techniques" que j'ai relevé (mais comme je ne comprends pas tout...) : dans le projet, le problème majeur est lié à toute fuite d'eau : par exemple, sur un bassin, la zone délicate se trouve au point de rencontre entre le radier (le "fond" du bassin) et les voiles (aussi nommées "pied droit", ie les parois du bassin) : une reprise de bétonnage (ie du béton en plus pour s'assurer de l'étanchéité de la jonction) a été nécessaire ainsi qu'une adjonction de "cristaux" [si un vrai scientifique pouvait me donner la composition des dits-cristaux...] qui gonflent au contact de l'eau et bouche la fissure (en quelques semaines), laissant des traces blanches que l'on a pu observer. Des ciments XA2 ont été utilisés et sont conçus pour résister aux eaux agressives, de même que certains bétons sont recouverts d'une "résine" [composition ?] destinée à les protéger d'un dégagement agressif de sulfure d'hydrogène (H2S)..

Sur le plan structurel, les difficultés étaient "moindres" apparemment : on peut noter la présence d'une vaste charpente métallique dont la conception a été conçue après les structures béton (bah oui, j'ai remarqué que la charpente ne reposait pas sur les murs en béton donc j'ai posé naïvement la question...) [dans le cas où les deux sont conçus en même temps il faut dimensionnement le béton en conséquence et prévoir des platines de prescellement]. On peut aussi remarquer l'utilisation de dalles alvéolaires, de poutres jumelles. Enfin, un des grands enjeux du projet était de faire passer toutes les canalisations partout, en prévoyant les bonnes réservations et en adaptant le béton en conséquence, et vue le nombre de tuyaux, ca a pas dû être coton !

Enfin, on peut aussi parler d'architecture, car, comme il y a une volonté politique derrière (le Grand Lyon souhaite logiquement mettre en avant une station aux normes européennes), il y a volonté d'intentions architecturales. Situés à deux pas de l'A6, la station sera visible via une série de pyramides en verre posées sur le toit. Celles-ci éclairent  un immense chemin de visite qui traverse tout le bâtiment et qui sera utilisé lors des visites de la station pendant les journées portes ouvertes. Pour agrémenter ce parcours qui promet d'être impressionnant, le visiteur aura au-dessus de lui un faux-plafond rouge métallique (de 1m d'épaisseur!), ce qui est pour le moins intriguant dans une station d'épuration. En terme d'expression extérieure, une charpente en forme de vaguelette rappelle l'eau  [saine et fraîche qui coule dans les lieux :)], la vaste façade n'est pas sans me faire penser [vous me permettrez le rapprochement hasardeux] aux thermes romaines impériales, et notamment celle de Caracalla de Rome (300m de long, à comparer au 250m du projet). Le percement est composé de baies aux dimensions pour le moins énormes aussi, qui donnera beaucoup de lumière à l'intérieur, et permettra aussi de distinguer depuis l'extérieur les machineries internes. Ce parti pris architectural, s'il choisit finalement de ne pas mettre en avant le "fonctionnement" des lieux (de l'extérieur, on ne lit pas la séquence du traitement des eaux), propose de "travestir" le projet avec une expression qui peut ne me fait pas vraiment penser à une station d'épuration au premier coup d'œil (proportions du bâtiments, façades etc). Si vous regardez la "vue nocturne" d'une des planches ci-dessous, on a l'impression d'être devant une salle de spectacle !  C'est ce qui est, je trouve, le plus intéressante dans cette visite, ce mélange de considérations techniques et cette volonté d'expression dans le paysage urbain.

Vous trouverez plus de photos dans la colonne "albums photos" à gauche ou sur ma page flickr.

Merci à B. Vilquin pour nous avoir accompagné et gérer le côté pratique de la visite + merci aux "guides" et à Léon Grosse pour nous avoir permis cette visite !

ah, et pour finir, vous pouvez constater l'extrême sérieux du photographe ;)

Comments

[kanga]

je veux avoir un plan d'une station d'epuratio pour le traitement des eau sortant d'une de produit cosmetique