témoignage - Florie Dejeant - diplômé ECL 2007
Florie est diplômée en 2007 de centrale
lyon et a participé aux deux premières années du double cursus. Je la remercie pour
son interview ! n'hésitez pas à m'envoyer vos témoignages :
paul.barrere@ecl2011.ec-lyon.fr
"Bravo pour la réalisation de cet annuaire et du site, ça
peut être vraiment utile pour les promos futures car on se sent un peu
perdu et on ne sait pas trop ce que ça peut donner au début... Alors
voici donc mon "témoignage" que je viendrais peut-être compléter par la
suite:
Peux-tu te présenter?
J'ai intégré Centrale Lyon en
2004 après deux ans de prépa à Fermat à Toulouse. J'aurais voulu comme
Constance intégrer les Ponts et Chaussées d'autant que je savais qu'il
y avait un double cursus archi... Centrale me convenait aussi
parfaitement car je connaissais aussi l'existence de ce double cursus.
J'ai choisi la filière ingénieur mais je considérais aussi que
l'architecture était indissociable de l'ingénierie en construction.
J'ai donc commencé le double cursus à l'école d'architecture de Lyon
que j'ai poursuivi en 2ème année de Centrale. Seulement, en 3ème année
j'ai décidé d'arrêter pour plusieurs raisons : je savais que je
n'allais pas continuer l'archi après le double cursus, ensuite, j'ai
beaucoup aimé les 2 premières années qui m'ont permis une ouverture
architecturale mais la 3ème année que j'ai entamée me semblait trop
imposer de contraintes architecturales et il était annoncé qu'on ne
réaliserait qu'un projet sur toute l'année qui était un projet
d'urbanisme, ce qui ne m'intéressait pas (finalement il y a eu un autre
projet de bâtiment il me semble), enfin je voulais profiter de ma
dernière année à Centrale et ne pas être surchargée de travail! J'ai
beaucoup hésité et je me suis dit que je faisais peut-être une bêtise
mais j'ai fait mon choix.
Aujourd'hui, je ne regrette pas vraiment,
seulement, il est possible que la qualification d'architecte me manquera
pour pouvoir signer mes plans si je me mets à mon compte un jour (ce
qui est bien possible!). J'ai été diplômée de Centrale en 2007, j'ai
fait mon stage de fin d'étude sur un chantier de rénovation d'école à
Paris, chez SRC une filiale de Vinci Construction France, qui m'a
définitivement dégoûtée de la conduite de travaux pour ces grosses
boîtes. Je suis ensuite partie au Maroc avec mes parents pour la
rénovation d'une maison en terre qu'ils avaient achetée et pour
démarrer un projet résidentiel que ne s'est pas réalisé. Je me suis
passionnée pour la construction en terre et je me suis inscrite au DSA
(Diplôme de spécialisation en architecture) Construction en terre à
l'Ecole d'Architecture de Grenoble que j'ai entamé en novembre dernier.
Cette spécialisation post-master en 2 ans accueille principalement des
architectes de tous pays et quelques ingénieurs (et autres), elle est
encadrée par le laboratoire CRATerre qui est un pôle majeur dans le
domaine de l'architecture de terre dans le monde (site : http://terre.grenoble.archi.fr/accueil.php).
Ainsi, je dois reconnaître que mes deux années d'architecture
m'apportent beaucoup dans cette formation qui est à la fois
scientifique, technique et architecturale.
Pourquoi avoir choisi ce cursus ? Comment s'est-il déroulé ?
Je
considère que l'architecture est indissociable de l'ingénierie de la
construction : on ne peut pas dessiner un bâtiment sans connaître un
tant soit peu la structure, les matériaux... , de même on ne peut pas
travailler sur la structure d'un bâtiment sans comprendre son
architecture. Je ne pense pas qu'on doive pour autant avoir le diplôme
d'architecture lorsqu'on est ingénieur mais au moins une ouverture
architecturale. Je déplore qu'en France les deux domaines soient si
séparés voire opposés. Il y a un tel orgueil de chaque côté vis-à-vis
de l'autre. Le dialogue sur les chantier est très difficile car les
deux parties ne se comprennent pas. Je pense qu'il y aurait beaucoup
moins de problèmes sur les chantiers s'il y avait une meilleure
compréhension du discours de l'autre. Je pense qu'il faut plus aller
vers ces double diplômes, ça se développe mais ça serait plus développé
si les entreprises étaient mieux adaptées pour ce genre de compétences.
En France surtout, il me semble que la séparation entre les domaines de
compétence est très forte et l'évolution lente, le système est
archaïque et figé!
Si j'ai choisi ce cursus c'est aussi pour ma culture personnelle, car
je suis très attachée à l'architecture des bâtiments. J'avais des
notions d'histoire de l'architecture mais je ne connaissais rien à
l'architecture contemporaine. Les deux premières années sont
passionnantes car les projets sont libres, il n'y a pas de contraintes
techniques et on peut se lâcher artistiquement! Le travail de recherche
personnel est très important pour bien connaître l'architecture
contemporaine car on n'a pas trop de cours là-dessus. Mais dès que l'on
a commencé à vouloir me mettre des contraintes j'ai voulu arrêter. Je
voulais conserver cette liberté de pensée architecturale. De plus, le
système des écoles d'architecture (en France en tout cas) me gêne
beaucoup : les professeurs t'imposent une façon de penser
l'architecture qui correspond à celle des architectes contemporains. J'ai l'impression qu'ils ne connaissent que le béton (ou l'acier).
Les structures simples qui font la plupart des habitats individuels,
l'architecture traditionnelle, les matériaux plus nobles ne les
intéressent pas. Là-dessus, je voudrais faire remarquer que l'Ecole
d'Architecture de Grenoble est assez différente et très ouverte sur ces
points.
Pour le déroulement de mes deux années en archi, je dois dire qu'il
n'est pas si difficile d'allier vie à Centrale et le double-cursus
(c'était la question que je me posais majoritairement). Ça paraît un
peu difficile de faire une activité associative à Centrale et l'archi
mais c'est très possible. Alors bien sûr je travaillais plus que ceux
de mon entourage (qui ne foutait rien du tout!) mais c'était par
période. J'ai tout de même pu faire un sport collectif (peu de match
quand même) et être au bar... De plus le double cursus nous ouvre à
d'autres groupes d'étudiants, ce qui est difficile à Centrale...! Pour
finir, je dois avouer que les cours les plus enrichissants durant mes
deux premières années à Centrale étaient ceux d'archi!
Peut-on améliorer cette formation ?
Évidemment, je
ressentais le manque de connaissance en architecture, sociologie, car on
ne pouvait pas suivre ces cours là. Mais ça n'est pas possible de les
suivre, les cours qu'on a sont déjà pas mal et assez prenant. Il faut
se documenter en dehors. Mais j'ai trouvé que les cours en plus du
Projet, tels que histoire de l'architecture et autres avaient l'air
d'être choisi au hasard selon les horaires. je sais pas s'il y avait
une grosse réflexion sur le choix de ces cours là. je pense que le
cours de dessin est indispensable, un cours sur l'histoire de
l'architecture aussi mais l'exercice de la maquette d'une église qu'on
a fait en deuxième année était obsolète et inutile vis-à-vis de la
formation réduite que l'on avait. (Après je ne sais pas si ces cours
ont changé selon les années...).
Aussi, il faudrait bien sûr une meilleure reconnaissance de ce double
diplôme pour une meilleure organisation et pour éviter des problèmes
avec d'autre cours à Centrale, mais j'imagine que c'est le but de
l'association que vous faites...
Quelle est la réaction du milieu professionnel face à ce diplôme ?
Je
n'ai pas vraiment de réponse à cette question car je ne suis pas allée
jusqu'au bout du double cursus. J'ai essayé de le mettre en avant pour
mes stages mais comme je postulais comme conducteur de travaux, les
employeurs s'intéressaient surtout à mon diplôme de Centrale. Cependant,
ça a été un atout lors du stage car mon rapport avec l'architecte du
projet était différent, il y avait une meilleure compréhension et mes
supérieurs ont tiré parti de cet avantage. Mais je pense que ça doit
faire un gros plus sur un CV en effet!
En dehors de ça, je pense que ça m'a été utile pour être acceptée dans la formation que je suis actuellement.
Bonne continuation,