Vive les utopies ? la puissance de l'évocation
Si l'architecture n'a de sens que concrète, réelle, réalisée, quelle place donner au projet qui est resté sur les plans, illusions sur papier glacé ? quel rôle pour l'utopie, le délire, le non-constructible, le rêve ? Doit-on déclarer froidement qu'un projet qui ne s'est pas matérialisé ne vaut rien, que les images, les représentations, seules traces que l'on en ait, sont trompeuses, un peu à la manière de la condamnation de Platon des artistes ? Ou au contraire accorder un rôle catalytique à la génération des utopies ? D'autre part, l'utopie n'a-t'elle de sens qu'en non-existence ? Faut-il au contraire encourager à la réaliser via l'invention de nouveaux modes budgétaires, de nouvelles idées techniques ? les utopies sont-elles des moteurs de la création architecturale ou des mirages vers lesquels on s'égare ? Interroger l'apport de l'utopie n'est pas une question légère à mon avis. Parcourons les mondes utopiques.
un grand merci à l'excellent site utopies, grâce auquel j'ai pu découvrir tant de projets fous !
"Il ne faut surtout pas dessiner d'utopies, car l'évolution n'est possible que par la constatation, qui alors fait progresser" Jean Prouvé
- la ville idéale en Occident : de la Renaissance à la fin des Lumières
Sforzinda : la cité idéale de Filarète (Antonio di Pietro Averlino environ 1400-1469)
C'est une des premières villes en forme d'étoile, et l'une des premières villes utopiques aussi, dénommée Sforzinda en l'honneur des Sforza protecteurs de Filarète. L'architecte décrit dans le détail l'organisation de sa cité, ses douves circulaires, ses remparts en étoile à huit branches, son centre ville et ses édifices. Sa forme géométrique s'oppose à "l'anarchie" du moyen-âge et à l'insalubrité. Je me demande si le retour de la géométrie aurait été influencé par le plan de la ville romaine type : grille et forum. Le Quattrocento et la renaissance italienne amèneront de nombreuses villes idéales et l'usage de la perspective permettrait d'exploiter cet ordre. Léonard de Vinci, qui s'intéressa à tout, proposa un modèle de ville sur deux niveaux où, avant toutes considérations esthétiques, il privilégia l'aspect technique en imaginant (bien avant la dalle des année 70 !!!) : des rues hautes réservées aux piétons et des rues basses consacrées aux marchandises. Bien après, Thomas More livra sa vision "hygiéniste et communautaire" dans Utopie (1516), et les lumières verront fleurir le genre, avec notamment l'eldorado de Voltaire (Candide) qui pressentait déjà que les utopies, on ne pouvait que vite les quitter.
ville de Palmanova, Italie, 1593
Si les utopies de Filarète ou de More étaient seulement ceintes de murailles, il apparaît vite la ville-forteresse, construite dans cette perspective, comme ci-dessus Palmanova en Italie fondée par les vénitiens (fossés, bastions etc.). Ou ci-dessous Neuf-Brisach de Vauban.
ville de Neuf-Brisach, 1699-1702, Vauban
L'on peut voir ci-dessous, l'étendue du système défensif de Neuf-Brisach : quasiment la moitié de la surface de la ville ! La cité a été voulue par Louis XIV pour contrer toutes invasions germaniques et fut longtemps considérée comme la plus protégée d'Europe.
ville idéale de Chaux, Claude Nicolas Ledoux, publié en 1804
Dans la ville de Claude Nicolas Ledoux, pendant imaginaire des inachevées Salines Royales d'Arc-et-Senans, les murailles laissent la place à un anneau de verdure dans une philosophe assez rousseauiste. L'architecte conçoit de nombreux bâtiments publics et donne une importance certaine à "l'industrie", conscient des mutations à venir.
projet d'abri des gardes agricoles, ville idéale de Chaux
salines royales d'Arc-et-senans, 1775-1779, Claude Nicolas Ledoux
Quittons les plans de ville géométrique pour entrer dans les fantaisies imaginaires de Piranèse, Lequeu ou Boullée.
ci-dessus, les prisons de Piranèse (1720-1778)
ci-dessous, Via Appia
Piranèse (1720-1778) a une œuvre exceptionnelle dont je n'évoque ici que quelques fragments : une gravure de ses étranges prisons imaginaires, et une vision fantastique de la célèbre voie romaine Appia qui sortait de Rome et était longée de nombreuses sépultures.
Lequeu (1757-1826)
Lequeu n'est pas à proprement parler un architecte, mais auteur de nombreuses fantaisies qui restèrent sur le papier, dans l'ultime veine d'une architecture de papiers et d'illusions, comme le théâtre de marie-antoinette à Versailles dont le décor est, il me semble, entièrement en papier. Il a aussi réalisé de nombreux dessins et portraits. Son œuvre est consultable en ligne depuis le site de la bibliothèque nationale de France (Gallica).
cénotaphe de Newton, 1784, Boullée (1728-1799)
J'ai déjà évoqué Boullée dans un article récent, architecte des lumières, mais des lumières qui profilent déjà l'âpre romantisme ou le totalitarisme, il mit volontiers en place des volumes géométriques simples démesurés comme la sphère, le cône, la pyramide. Il s'intéressa aux bâtiments publics et à l'architecture souterraine. Il est un des premiers à se poser des questions sur le rôle de la lumière. Son œuvre est aussi à la bibliothèque nationale de France.
- la ville industrielle
New Harmony, Indiania USA, 1824, Robert Owen (1771-1858)
Socialiste et entrepreneur, Robert Owen s'inscrit dans le contexte riche de la révolution industrielle en Angleterre, des luttes entre socialisme et patronats, la reconnaissance de la misère des ouvriers à travers notamment la littérature qui s'est alors développée. Conscient qu'il faut adapter la ville à ces nouvelles conditions pour donner de l'humanité à cette "victoire de la machine", il commence par réorganiser "l'outillage humain" de son usine de New-Larnak en Ecosse : réduction du temps de travail pour les 3000 ouvriers, fondation d'une cité modèle et ouverture des premières écoles maternelles d'Angleterre. Sans aucune aide de la part du gouvernement, il poursuit son travail en Indiana en 1824 avec la création d'une cité rurale type : New Harmony, qui devait fondre agriculture et industrie. Owen abandonne ce projet en 1828 pour raisons financières. Il reviendra en angleterre et tentera de nouvelles expériences communautaires dans la région d'Edimbourgh et Souhtampton (Harmory Hall, 1839-1945). Comme toutes les utopies industrielles, je lui trouve personnellement un petit côté ambigü : le projet de New Harmony ci-dessus a quand même la forme d'une enceinte, quelle place pour l'être humain dans un univers qui est déjà clos ? Évidemment cette remarque est à nuancer en regard des apports : logements salubres, éducation, santé et loisirs, disons qu'il y a un côté démiurge-entrepreneur qu'on retrouvera beaucoup dans la suite du siècle, voir aussi le roman de Jules Vernes avec les 500 millions de la Bégum : la ville hygiénique (et sans bcp d'intérêt...) du docteur Sarrasin et le monstre d'acier fantastique Stahlstadt du docteur Schultze (un roman d'ailleurs particulièrement intéressant quant aux enjeux -politique allemagne-france, industrialisation- qui préoccupaient alors la France).
Bois du Luc ou Bosquetville, Belgique, construction démarrée à partir de 1838
Il n'y a pas dans Bosquetville une figure marquante qui emmène le mouvement, mais cette cité belge est devenue un modèle de petite ville industrielle. L'activité de bois du luc était le charbonnage. La Société du bois du luc qui gérait l'entreprise et, en fait, aussi la cité, posséda jusque 698 maisons. La ville possédait une école primaire, des allées d'arbre, un parc "le Quinconce" (dès 1850), école des mineurs, salle de fête, bibliothèque et même un hospice et un hôpital, qui furent financés à l'aide des bénéfices de la société, et aussi.. ;le "château" du gérant. La belle activité du Bois-du-Luc fut brutalement coupée par la crise des charbonnages et bois-du-luc ne devint jamais une vraie ville indépendante (elle s'étendait sur différentes communes). Bosquetville est véritablement le modèle de ville ouvrière qui a fleuri dans toutes les régions du nord, dans ma région (reims et la champagne), il restait encore il y a quelques années nombres de villages dont on voit clairement que le plan avait le même schéma, depuis, les usines ont été détruites et les pavillons ont poussé. Ci-dessous, plan de la cité de Bosquetville.
familistère Godin - Palais Social à Guise 1859-1880
La démarche de Jean-Baptiste Godin (1817-1888) s'inscrit dans la suite des travaux de Fourier (1772-1837) concernant son "phalanstère". Ayant fondé un commerce florissant de poêles et chaudières, dès 1859, il décide de faire construire à côté de son usine son familistère ou Palais Social qui abritera les ouvriers et mettra à disposition des installation supplémentaires : nourricerie et pouponnât, écoles et théâtre (1869), lavoir et bains (1870). La vue panoramique ci-dessous résume bien la globalité du projet : la ville industrielle, l'usine et les habitations séparées par la rivière. Godin conçoit lui-même une grande partie des bâtiments : segmentation du projet principal en trois corps (pour un échelonnement de la construction dans le temps), normes hygiénistes (cours fermées, conception de la ventilation etc.). Godin alla même plus loin en prévoyant dans les détails le fonctionnement de sa ville : eau courante distribuée depuis les greniers, "cabinet aux balayures" (vide ordure^^) à chaque étage, coursives reliant les bâtiments, et un manuel de consignes "règles, conseils et mesure d'ordre domestique au Familistère". Pour l'époque, les logements proposés aux ouvriers constituaient une révolution !
J'imagine qu'à lire ce petit programme, à regarder la cour qui ressemble vaguement à une prison, vous imaginez déjà l'usine ambigüe, aliénante, tournant sur elle-même ? Eh bien, si nous en restons simplement aux faits, voici la suite de l'histoire du familistère : ce fut un succès, et viable économiquement. A sa mort, Godin légua le contrôle de l'usine à l'Association du Familistère qui géra le familistère de manière prospère jusque les années 60 (!!!). Les membres de l'association voulurent garder intact l'héritage de godin, ce qui finit par rigidifier l'entreprise (avec l'augmentation de la population et le changement des conditions de vie!) qui la mena à disparaître en 1968 (quelle année symbolique en plus!). Godin est aujourd'hui une marque réputée du groupe les "cheminées Philippe" (centré sur le segment haut-de-gamme concernant les poêles et les cuisinières) dont l'usine est toujours à guise et il y a encore des habitants dans le familistère. Longtemps ignoré, celui-ci connaît depuis quelques années une valorisation patrimoniale, j'ai eu l'occasion de le visiter et je reste profondément marqué par l'atmosphère étrange qui y règne.
la "cité industrielle", 1901-1904, Tony Garnier (1869-1948)
Le Lyonnais Tony Garnier élabore entre 1901 et 1904 sa "cité industrielle" qui sera publiée en 1917 et aura une influence notable sur l'architecture. Deux innovations remarquables : l'usage généralisé du béton armé, l'épuration du style. Concernant les bâtiments, toits-terrasses, pilotis, larges fenêtres, on retrouve déjà les prémisses du Style International. Si la zone de l'usine est toujours imposante, Garnier défragmente le bloc d'habitation ouvrier en le replaçant par des pavillons, et s'attarde sur les bâtiments publics. La ville gagne en aération avec l'espacement des immeubles pour éviter que leurs ombres ne se recouvrent. L''architecte élabore 164 plans et réfléchit aux moindres détails. On peut avancer que sa ville a déjà écarté complètement le modèle purement industriel qui prévalait auparavant et s'oriente vers le modernisme.
- la ville contemporaine, la ville à reconstruire, la ville "artificielle"
Le Corbusier : ville contemporaine de trois millions d'habitants, plan Voisin, les unités d'habitation, 1922
L'urbanisme proposé par le corbusier ne place plus l'usine et l'habitat ouvrier équitablement le long d'une rivière comme à Guise, les zones d'usines sont repoussées à l'extérieur de l'anneau de verdure qui entoure le centre de sa ville : immeubles de bureaux préfigurant les central business districts américains constituent l'âme de la cité contemporaine. Puis viennent autour les immeubles-villas de vingt étages qui s'étendent, à perte de vue ? Le Corbusier rationalise sa ville ; préfigure le système de "dalle" (la gare au centre est souterraine, les poids lourds circulent en sous-sols), laisse la place à la végétation, donne une grande importance à l'automobile (c'est novateur en 1920) et produit finalement un ensemble qui paraît, à mon avis, aujourd'hui bien concentrationnaire. Le plan voisin est une adaptation de ce schéma au centre de ville de Paris (ouf, cela n'a pas été réalisé). Les unités d'habitations constituent des réalisations particulièrement intéressantes et complexes que je mentionne juste ici comme s'inscrivant dans la continuité des travaux de Le Corbusier sur le sujet.
le Corbusier : Chandigarh en 1951
Evoquons brièvement deux villes "utopiques" - symbolique : Chandigarh et Brasilia. Dessinée entre 1951 et 1961 à l'initiative du gouvernement local, Le Corbusier conçoit les bâtiments principaux de la nouvelle capitale administrative du Pendjab fondée sur un haut plateau au pied de la chaîne de l'himalaya : palais de l'assemblée (1961), Secrétariat (1958), Palais de la Haute Cour (1956). Pierre Jeanneret collabore aussi au projet et aux nombreux autres bâtiments à envisager. L'architecte essaye de s'adapater aux conditions climatiques en mettant au point des pare-soleils, brise-soleils etc. Beaucoup considèrent Chandigarh comme le point de maturité de l'oeuvre de l'architecte.
Brasilia, Lucio Costa puis Oscar Niemeyer ; inaugurée en avril 1960
En 1957, le président Kubitschek décide de doter le Brésil d'une nouvelle capitale, située en plein centre du pays, loin des côtes. Lucio Costa met au point le plan d'urbanisme : la ville est en forme d'oiseau (un axe oblique des logements, un axe droit de la vie publique, entouré d'un lac artificiel) qui se croisent sur la gare routière (voir ci-dessous la vue google maps). Oscar Niemeyer poursuivra le projet en concevant des édifices très marquants : la cathédrale, le parlement, le ministère de la justice et le Palais de la Présidencet. Il faut bien comprendre que la construction de Brasilia relevait véritablement d'une utopie : il n'y avait absolument rien, de la forêt vierge, des maladies, des baraquements en bois etc. Aujourd'hui, brasilia compte 2 millions d'habitants et est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité.
- la ville anticipée, la réalisation impossible ?
Peut-être peut-on avancer que le passage du cap des années 60 fut assez difficile pour l'architecture qui s'éloignait du mouvement moderne qui avait atteint une certaine apogée pour tenter un renouvellement, en tout cas pour l'utopie le changement de cap fut radical : les utopies s'échappèrent très vite de la sphère du "potentiellement réalisable" pour gagner en force de concepts et réflexions. A partir de maintenant, les nombreuses utopies présentées ne feront pas directement émules dans la réalité de la construction.
les dômes géodésiques de Buckminster Fuller
ci-dessus : pavillon américain pour l'exposition de Montréal en 1967
ci-dessous : projet pour Manhattan avec un dôme géodésique en plastique
Buckminster Fuller (1895-1983) est un architecte américain multifacette et prolifique dont l'oeuvre très large mérite approfondissement. Je me limiterai ici à dire qu'un de ses objets d'étude fut le dôme géodésique qu'il contribua à mettre au point et plébiscita. Fuller l'envisageai à toutes les tailles : recevant une unité d'habitation, véritable machine à habiter, ou englobant une grande partie de manhattan comme ci-dessous. Aussi beau l'objet soit-il, nombreux sont ceux qui reprochèrent à Fuller son inadaptation à l'habitabilité, comme le témoigne le dôme de Montréal qui n'est que très partiellement occupé.
projet de cité, Otto Frei (né en 1925)
Une des réalisations les plus célèbres de Frei est le stade olympique de Munich et ses voiles tendues, il exprima ses idées sur l'utopie dans "essai d'une vision de l'avenir" dans le N°102 de l'architecture d'aujourd'hui. Il travaille aussi la légereté et les minimisation de surface.
Paul Maymont (1926-2007), élève d'Auguste perret, il développa de très nombreux projets innovants.
Yona Friedman (né en 1923), il est une des figures majeurs de l'architecture prospective. Il envisagea notamment des une extension de Paris via une ville suspendue au-dessus du sol (voir ci-dessus et ci-dessous).
Babel, Paolo Soleri (né en 1919)
Soleri est aussi des figures majeures du mouvement utopique, il développa le concept d'Arcology, contraction d'architecture et d'ecology. Il fonda l'écovillage d'Arcosanti.
- les métabolistes japonais (1958-1975)
Dans l'effervescence du Japon des années 60-70 - un pays qui se développe à grande vitesse et dont l'urbanisation galopante pose questions -, des architectes ont placé la ville et sa croissance démesurée au cœur de leurs préoccupations. Kisho Kurokawa, Fumihiko Maki, mais aussi Kiyonori Kikutake, Arata Isozaki ou Kenzo Tange, ont participé à ce mouvement en proposant, dans un manifeste intitulé "Metabolism : the proposals for a new urbanism", des structures extensibles, flexibles, aux formes volontiers organiques.
toutes les informations complémentaire dans cet article du blog de Frédéric Gautron, Made in Tokyo.
Marine City (1958-1963), Kiyonori Kikutake
Complexe posé sur l'eau, extensible en fonction des besoins : on peut ajouter / retrancher sur les tours qui ressemblent à des poteaux, des anneaux d'habitation.
clusters in the air (1960-1962) Arata Isozaki
On retrouve la possibilité d'étendre ces arbres urbains en augmentant la taille des "lignes d'habitations".
- les hyperstructures japonaises des années 90
Dans sa course au progrès et quelques peu emprisonné dans son propre fantasme de technologies et d'urbanisation monstre, le Japon cherche des solutions architecturales démesurées au début des années 90. Viennent alors les propositions des cinq grandes firmes du bâtiment ; propositions de recherche uniquement. Les firmes choisissent de développer le gigantisme urbain et l'occupation des surfaces maritimes. Inutile de rappeler que ces projets furent conduits en pleine bulle immobilière japonais qui annonça la grave récession du pays. Ces constructions perdent aujourd'hui leur sens dans un japon qui va en se veillissant et vers une diminution de population.
Toutes les informations complémentaires dans cet article de l'excellent blog de Frédéric Gautron, Made in Tokyo.
X-Seed 4000, Taisei Corporation, 1995
4000 mètres de haut pour 6km de base et 800 étages, la plus grande construction jamais envisagée reprend la forme élégante du mont fuji et vient se poser dans les eaux de la baie de Tokyo sur ce photomontage. Des panneaux solaires fournissent l'énergie le long des parois et un million de personnes pourrait y habiter.
TRY 2004 Mega-City Pyramid, Shimizu Corporation
"Plus modeste" 2004mètres de hauteur, 400 étages et 750 000 personnes, 55 sous-pyramides, prévue encore pour la baie de Tokyo. moins esthétique la précédente à mon avis.
Sky City 1000 Takenaka Corporation, 1989
1000m de haut, 400m à la base, 14 plateaux-ville empilés. Le concept de mini-ville empilées est intéressant, mais il reste à évaluer la sensation que peuvent ressentir les habitants de Sky City avec le plafond immense qu'ils ont au-dessus de leurs tête (et s'il s'en détache une pièce ?). Le montage en perspective évacue d'ailleurs le problème en cadrant vers les jardins. Cela pose le problème majeur de ces édifices empilables : comment reconstituer des espaces de ville sans ciel, avec des plafonds ? comment traiter les plafonds ?
à gauche : Aeropolis 2001, Obayashi Corporation, 1989, 2000m
à droite : DIB-200 (dynamic intelligent building) Kajima Corporation 800mètres
au centre : The Spiral
Variations plus modestes (sauf the Spiral) sur le thème de l'hypertour. DIb-200 pourrait être réalisable compte tenu de sa faible taille (800m). Aeropolis aurait compté 500 étages et 300 000 habitants (140 000 résidents). The Spiral est beaucoup plus intéressante, et irréaliste, mais je n'ai pas pu trouver d'informations additionnelles dessus !
D'autres projets ont existé, notamment celui, assez réaliste avec une dizaine d'années d'avance, de la Millenium Tower de Foster (840m).
- Dubai et les Emirats Arabes Unis : le happening utopique, épiphénomène précurseur de la Crise ?
L'utopie en happening perpétuel ? épiphénomène annonciateur de la crise économique ? pourquoi des monarchies conservatrices ont-elles eu recours à l'utopie pour se développer ? Quel avenir pour tous ses projets dans le contexte actuel ? Difficile de sélectionner quelques exemples tant les utopies se sont enchainées avant la crise ! J'ai choisi des projets à la fois assez utopique, et qui auraient pu / vont se concrétiser, c'est-à-dire dont la conception est déjà bien avancée. Je conseille la lecture de Nouvelles Frontières de l'Architecture aux éditions White Star.
Burj Dubai 818 mètres (en cours d'achèvement)
Un immeuble dont la taille a évolué au cours de sa construction, les chiffres définitifs ayant été communiqués début 2009 : sa conception était extensible à souhait ! 818 mètres pour être sûr de battre tous les records, ... pour au moins un an ou deux. Un étage par jour, 162 étages. Burj Dubai devait d'abord être purement résidentielle, mais des bureaux ont été ajouté au programme. Elle abritera le prestigieux hôtel Armani. Est-ce que les dispositifs de circulations et d'alimentation de cette tour fonctionneront-ils ? Comment se déplace les vents sur une telle distance ? L'édifice constituera le centre d'un nouveau quartier Dowtown Dubai, en retrait du front de mer et du Burj Al Arab et Jumeirah. Encore faut-il que la crise ne laisse pas la tour bien seule au milieu du désert.
Louvre Abu Dhabi, Jean Nouvel, en projet (ouverture 2013, mise en chantier en 2007, 83 millions d'euro)
Le Louvre Abu Dhabi est actuellement un des seuls musées dont la construction est bien maintenue sur l'île de la culture de Saadiyat. Etaient prévus le Guggenheim de Frank Gehry (400 millions d'euros pour 2011), une cité des arts de Zaha Hadid (performing arts center), quasi extraterrestre et un musée maritime de Tadao Ando. Si la construction de tous ces musées est mené à bien, que de starchitectes sur un même bout de terre ! Dommage cepandant qu'aucun des bâtiments ne dialoguent avec l'oeuvre du voisin... Concernant le Louvre, le projet de Nouvel est alléchant dans la forme : une coupole de marbre qui ne repose que sur une dizaine de pilier, couvrant une médina blanche dans laquelle l'eau se faufile. Alléchant mais les images produites par l'agence reste un peu floues à mon avis, avec ses lumières saturantes et manque de précision.
The World, en cours de construction depuis 2003, Nakheel Properties, Dubai
9 kilomètres sur 7, 326 millions de m^3 de sable, 250 à 300 îles ; la digue qui entoure l'archipel coupe les courants marins. The World compléterait le complexe des trois îles artificielles en cours de construction : Palm islands (Jumeirah, Jebel Ali, Deira). Palm Jumeirah est quasi achevée, mais les deux autres ont pris un certain retard Dans le même genre : le croissant ou The Universe à Dubai, The Pearl au Qatar. Quid de l'impact sur les fonds marins ? l'ensablement ?
Dubai Towers - Dubai (en projet, prévu pour 2010)
Dessinées par TVSdesign pour Sama Dubai dans le cadre du projet The Lagoons (îles artificielles, bras de mer, résidences et commerces), les quatre tours de 54 à 97 étages s'élèvent avec l'élégance des flammes de bougies sur le frond de mer de Dubai.
The Anara Tower (projet) Dubai
125 étages et 600 et des poussières de mètres de haut, Taamer holding ; design par le cabinet Atkins (Atkins Design Studio), jardins suspendues tous les 27 étages, galerie d'art, hôtel de luxe, le programme classique. J'ai été un peu déçu d'apprendre que le ventilateur tout en haut ne tournait pas, son centre abrite un restaurant. L'image est pas mal faite du tout : angle de vue bien vertigineux et mise en relation dans un des palmiers artificiels derrière.
The Cloud, atelier Hapsitus (projet)
Si si c'est de l'architecture ! 300mètres de hauteur, et en haut, je n'ai pas très bien compris ce qu'il y avait, une sorte de parc magique avec lac, auditorium, jardins, ponts tournants (?) piste de ski (re-?). Evidemment si cela était réalisé, je ne suis pas convaincu qu'il y aurait cet aspect vaporeux et véritablement nuage de pluie. Techniquement, je pense que cela devrait pouvoir être concevable, quant à l'entretien et à la viabilité de la chose, c'est une autre histoire ! un des projets de dubai les plus utopiques.
Masdar (projet en cours)
Masdar devrait être une des premières écocités de la planète : 50 000 habitants, 1500 entreprises, le tout pour 2016, implanté à proximité de l'aéroport international de Abu Dhabi. Le cabinet de Norman Foster a contribué à concevoir la ville : compact, piétonne, transports en vélo ou en monorail. Masdar devrait être dédiée aux biotechnologies.
- les utopies écologiques
Dongtan, près de Shangai, Chine, pour 2010, conception ARUP
La ville écologique de Dongtan serait située sur une île à l'embouchure du Yangzi Jiang au nord de Shangai, elle devrait voir le jour pour 2010 pour l'exposition universelle de Shangai. Ville test prévue pour 50 000 à 80 000 habitants intialement, jusqu'à 500 000 en 2050, Dongtan rassemblerait toutes les technologies en conception durable : éolienne, toits végétalisés, limitations en hauteur des bâtiments etc.
reconversion d'une mine de charbon à ciel ouvert à Songjiang, groupe Atkins
400 chambres pour ce cinq étoiles qui serait installé dans une ancienne mine de charbon à ciel ouvert sur une centaine de mètre de hauteur. Énergie géothermique, énergie renouvelable, toit "vert" + panoplie écologique habituelle sont au menu concocté par le groupe Atkins (Atkins Design Studio). Sans oublier les accessoires : deux niveaux sous l'eau, possibilité de faire de l'escalade etc. La forme de la mine permettrait d'abriter l'hôtel des intempéries. Ouverture en mai 2009.
"Jungle urbaine" Vincent Callebaut architecture, 2007, concept
extension du port de Hong Kong sur la mer via une série de tours aux formes curvilignes.
Lilypad, Vincent Callebaut architecture, 2008, concept
Face à la montée des eaux qui engloutirait les pays, Vincent Callebaut imagine pour les réfugiés climatiques de 2100 des nénuphars flottants, nomades écologiques bien sûr, autonomes en matière d'énergie, et capable d'héberger 50 000 habitants. La flottille de lilypads dériveraient le long des courants océaniques. La forme est inspirée par un nénuphar (lily pad) de la forêt amazonienne.
- les mondes imaginaires
Pour cette fiche très large sur l'utopie et les bâtiments irréalisés et irréalisables parfois, je tenais à aller jusqu'aux mondes imaginaires, que ce soit dans le cinéma, la bande-dessinée, mais sans la littérature (peu graphique...). Les progrès technologiques ont permis la production d'images au fort pouvoir évocateur qui peuvent faire sens et signification dans une œuvre d'art. Malheureusement, n'ayant que peu de connaissances dans le domaine, mes exemples ne risquent pas d'être très pertinents...
le Labyrinthe du Faune, guillermo del Toro, 2006
cette image est extraite d'une séquence clé du film, l'ultime en fait, très importante. Mon interprétation personnelle est qu'ici l'architecture fantastique (la seule que l'on voit dans le film de cette dimension) fait véritablement sens avec la structure de la scène : le fait que les personnages sois sur des piédestal, que la scène semble ouvrir sur un vide prometteur et lumineux, laissant imaginer le paysage au-delà de la rosace etc.
ghost in the shell, Mamoru Oshii, 1995
l'architecture de la ville de ghost in the shell (tokyo je crois) a une importance capitale : les décors délabrés, gigantesques, "inhumains" de loin mais toujours peuplés de près. Je choisirai sûrement ce film si je devais faire une petite liste de pellicules où l'architecture est intéressante. En dessous, l'un des éléments qui me fait dire que la cité est Tokyo : au centre de la baie, un nouveau centre ville est élevé, ce qui est un vieux rêve ou fantasme des architectes japonais de combler la baie ainsi (voir les hyperstructures plus haut et les métabolistes).
le monde coloré de Speed Racer, frères Wachowski, 2008
Hmr... je n'ai pas trouvé mieux. Le film pose toutefois la question pertinente de la couleur, la couleur saturée, dans l'architecture, la norme et les habitudes sont de faire des architectures en demi-teintes ou ternes, comment est-ce qu'on vivrait dans un monde aussi flashy ?
Star Wars ... Georges Lucas
J'ai extrait quelques images de Coruscant -la planète capitale, entièrement urbanisé-, l'on peut voir la surface striée d'artères et d'axes de communication, nous n'en sommes pas encore là heureusement ! la ville-planète pose la question de "urbanisme total".
Valérian et laureline, Mézières et Christin, l'ambassadeur des Ombres (1975)
architecture spatiale de Point Central, juxtaposition hétéroclite des multiples cellules des races de la galaxie ; la ville, sujet de l'ambassadeur des ombres, offre une métaphore très intéressante sur l'humanité : dans Point Central, chacun cohabite dans une "cellule", mais les différentes ont très peu de contacts avec les autres, tout le monde préférant l'usage abusif des écrans de communication.
l'Enfant penchée (1996), Schuiten et Peeters, les cités Obscures
Chef d'œuvre des Cités Obscures, l'Enfant Penchée offre de nombreux bâtiments incroyables. l'architecture est des thèmes importants de la série qui navigue entre de nombreuses villes et culture. A ce titre la Tour (1987) joue la variation sur le thème d'un étrange Babel, la frontière invisible (deux tomes en 2002 puis 2004) explore les ambiguïtés de la cartographie, et surtout la fièvre d'Urbicande (1985) où un architecte trop rigoureux est confronté à un objet architectural fort dangereux : un cube évidé dont les arêtes se mettent à se démultiplier. Ou encore les Murailles de Samaris (1983) où le héros est confronté à une "ville-théâtre mécanique - décors de cinéma" qui offre aussi un beau thème de réflexion. Brüsel (1992) dénonce les conséquence d'un urbanisme inconscient : les édiles de la ville veulent la moderniser avec des buildings, qui, trop lourd, finissent par faire descendre le sol et déclenche une inondation de Brüsel (la relation avec les dommages subit par Bruxelles est évidente...).
pour poursuivre le voyage :
un résumé-mémo efficace
l'indispensable site utopies
une base de données : universutopia.net
le site d'une exposition de la bnf : utopie - la quête de la société idéale en occident