Palais de justice de Nantes - Jean Nouvel (2000)

Puisque je passe tous les jours devant (cf post-précédent), je n'ai pas pu résister à aller m'attarder dans le fameux palais de justice de Nouvel. Moi qui aime, en ce moment, les bâtiments qui savent "raconter des histoires", j'ai été comblé. Quand je parle "d'histoire", c'est une notion vague à définir : c'est à dire que les projets ont des choses à dire, des récits à proposer, des interprétations ouvertes, des mythes à construire.

Dans le cas du palais de Nouvel, on peut en faire une lecture  personnelle, tout comme son Opéra à Lyon avait stimulé mon imagination. Ici, la justice apparaît sous une monumentalité digne des tombeaux égyptiens : salles d'audience-mastaba, ascenseur à rapprocher de piliers hypostyles, volumes grandioses. La justice est stable et respecte l'ordre, à l'image de cet édifice uniquement orienté sur la Loire, et de son plan "classique", symétrique, enchaînant des éléments réguliers. La salle des pas perdus nous plonge dans un réseau de poutres métalliques qui n'est pas sans rappeler un enfermement à venir, comme en témoigne les portes grillagées et les claustras monumentaux. Sur les fins piliers défilent des textes que personne ne lit, qui semblent émaner d'une intelligence artificielle supérieure.

Heureusement, dans tous ces réseaux de référence et d'évocation qui permettent au bâtiment de s'imposer au visiteur, quelques détails allègent la tension : un vélo posé sur le péristyle dynamite le sérieux de la colonne et vous verrez, à la fin de l'article, comment les machines à café ont été dissimulées de manière bien drôle ! C'est sûr, la pensée d'un café bien chaud brise tout le sérieux du cérémonial judiciaire.

porte - grillage

la lumière au bout du tunnel !

question d'échelle...

machine à café derrière un mur de protection