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c(ai)² - bicursus ECL-ENSAL
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19 janvier 2009

témoignages - Marjolaine Chevet (GFC construction) et Guillaume Charton (AIA)

Dans le cadre du cursus centralien, les étudiants doivent réaliser une "enquête-découverte" consistant à interviewer deux ingénieurs en poste. J'ai eu la chance de pouvoir rencontrer deux personnes œuvrant dans le Génie Civile à des échelles différentes : l’une dans la réalisation, actuellement sur le terrain, l’autre dans la conception / logistique, en bureau d’études. Ils ont accepté que le contenu de ces entretiens soit publié en résumé sur le site et je les remercie chaleureusement du temps qu'ils ont pu me consacrer.


Marjolaine Chevet – 23 ans ; jeune diplômée de l’école centrale ayant suivi l’option Génie Civil, elle est actuellement ingénieur travaux chez GFC construction, filiale de la multinationale Bouygues (tour Oxygène à Lyon). Elle travaille sur un petit chantier de réhabilitation d’un bâtiment de la direction informatique d’un hôpital d’un montant de 5 millions d’euros. Ces travaux se caractérisent par trois aspects : réhabilitation, nécessitant une capacité à faire face aux imprévus, « conception / réalisation » attribuée à GFC, ( puisque  l’entreprise n’est pas seulement maître d’œuvre, elle a ainsi organisé le travail de conception en synergie avec les architectes pour un coût optimisé )  et aspect chantier « sensible » : il a fallu effectuer le transfert des serveurs informatiques de l’hôpital, restés en exploitation pendant les travaux, et gérer les particularités techniques, comme l’arrosage du chantier pour ne pas laisser les poussières se répandre et transporter bactéries et virus.

 

Monde de la construction : Marjolaine Chevet explique que le processus « expression des besoins », « conception de la solution », « réalisation de la solution » avec une répartition segmenté des acteurs disparaît vers une offre globale « tout compris ». De nouveaux types de contrats sont apparus depuis quelques années où le constructeur a une place plus développée : le « montage immobilier » où il prend en charge l’ensemble du financement, réalisation et gestion administrative ;  le projet est ainsi livré « clef en main » : architectes et techniciens ont déjà collaboré. Dans  le CPP – contrat public- privé- l’entreprise se charge aussi de la maintenance et l’exploitation des bâtiments. L’architecte décideur unique devient chef d’orchestre d’une équipe multidisciplinaire, dans laquelle le savoir faire technique reprendrait sa place naturelle.

 

Formation et l’option génie civil : M. Chevet fait remarquer que les cours de GC ne sont pas si nombreux, et regrette par exemple l’absence de formation à AutoCad. Elle insiste sur l’importance des stages (elle a été engagée à la suite de son TFE), qui permettent, bien sûr, à l’entreprise d’évaluer le candidat, mais aussi à ce dernier de savoir si le travail proposé par  la firme correspond à ses attentes. Elle observe qu’il ne faut pas espérer avoir de responsabilités importantes dans les stages de 1A et de 2A ; il faut savoir faire preuve d’humilité, et intégrer le fait qu’ stagiaire est au tout début d’une expérience professionnelle.

 

Profession d’ingénieur : Marjolaine Chevet place en exergue des qualités requises : la nécessité d’être rapide (comprendre vite, s’adapter à une situation), un certain sens des relations humaines, surtout dans le bâtiment pour pouvoir  coordonner le travail des ouvriers, et l’anticipation : être toujours prêt au changement, savoir dans quelle direction orienter sa carrière. Les axes que M. Chevet  préfère dans son métier sont les suivants : gérer un projet avec précision et rigueur (tenue des délais, normes de construction strictes de Bouygues), et exercer le sens du contact humain sur le terrain.



Guillaume Charton – 31 ans ; après avoir passé 2 ans à l’université, puis intégré l’INSA pour l’option Génie Civil, il poursuit un double cursus ingénieur-architecte. Diplômé de l’Insa, il complète ses études d’architecture à l’ENSAL, tout en travaillant à mi-temps comme OPC – pilote de chantier - pour la Cité Internationale de Renzo Piano. Diplômé d’architecture, il est engagé à l’Atelier de la Rize, agence d’architecture de 35 personnes intégrée au groupe de 400 personnes AIA (Architectes Ingénieurs Associés), spécialisé dans la conduite de projets hospitaliers, bureaux et bâtiments à grande technicité. Il y œuvre en tant qu’architecte (direction de chantiers et logistique) et achève actuellement un collège de 600 élèves. On doit notamment à l’atelier de la Rize la Halle Tony Garnier, ou plus récemment le siège de Sanofi-Aventis ou la manufacture des tabacs à Lyon. Le groupe AIA est implanté à Lyon, Nantes, Paris et Lorient et décline diverses entités : AGIBAT calcule les structures, CERA constitue le bureau d’étude fluide et EXA rassemble les « économistes » (responsables de l’estimation financière des projets). Ce réseau met en commun ses compétences ; il gère  d’une manière coordonnée les différents concours proposés, rassemblant ainsi tous les acteurs du marché avec une efficace  synergie. A l’atelier de la Rize, G. Charton a toujours pu concilier un équilibre vie privée / vie professionnelle ; en période de fin de concours, les journées professionnelles se chargent notablement.

 

Formation et « double cursus » : G. Charton insiste sur la nécessité impérative de s’approprier, tout au long du double cursus, une « culture » qui s’acquiert lors de la formation, mais surtout par un travail personnel de recherche sur l’histoire de l’architecture et de la technique, un approfondissement des thèmes auxquels on porte  naturellement un intérêt ; ces thèmes constitueront le socle de nos idées futures. Cet investissement personnel est difficile à développer lorsqu’on est entré dans la vie professionnelle. G. Charton  s’est quant à lui  intéressé à Jean Prouvé – architecte fonctionnaliste du début du siècle -, et aux grands ingénieurs tels  Freyssinet, ou Peter Rice qui a collaboré avec Renzo Piano sur le Centre Pompidou. Ce socle  culturel ainsi constitué  permet d’envisager la profession d’architecte sous un angle plus ouvert.   Pour  les études proprement dites, il encourage à participer aux workshops – séminaires d’une ou deux semaines à l’étranger -, permettant de croiser les regards et de s’enrichir au contact d’autres étudiants dont les cursus sont différents de ceux effectués en France. Il souligne aussi l’importance du « projet » et de sa gestion  tout au long du cursus.

 

Profession d’architecte et  « double cursus » : Guillaume Charton insiste sur les qualités suivantes : culture architecturale au sens le plus large, capacité à exprimer sa créativité, travail en équipe et esprit de synthèse. Selon lui, la profession, avec la complexité croissante des projets, évolue vers une diversification des métiers de la construction : le concept d’« architecte-total », capable de gérer un projet depuis ses premières esquisses jusqu’à la réalisation finale, tendrait se évoluer vers un panel de profils présentant divers degrés de savoir-faire technique ou artistique. G. Charton souhaiterait que la formation d’architecte ne dépende plus du ministère de la Culture et soit réintégrée aux universités, soulignant ainsi  le mode de fonctionnement  des autres pays européens : études techniques puis spécialisation poussée. La France constitue une exception reposant sur un héritage historique de séparation beaux-arts / polytechnique, mines et ponts. Il insiste sur le fait qu’il ne faut pas comprendre « ingénieur architecte » au sens de « sur-architecte » et trouve cette dénomination ambiguë : G. Charton se sent avant tout  architecte, et la technique est l’un des outils naturels de ce métier.

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